Se raccrocher au contenu

J’aime beaucoup la collection « A book Apart » éditée chez Eyrolles. Alors quand le livre « Stratégie de contenu mobile » est sorti, j’étais très curieuse de ce qu’il pouvait bien contenir et je n’ai pas hésité bien longtemps à entamer sa lecture.

La traduction médiocre rend la lecture peu fluide, mais sur le fond, ce le livre apporte une approche intéressante sur les contenus web, leurs contextes de lecture, la manière de les déployer, de les produire tout en évitant les problèmes de lecture. Si j’étais déjà convaincue que le contenu était bien au cœur de toute stratégie en ligne, ce livre m’a éclairée sur de nouveaux points et m’a amenée à diverses réflexions que je partage dans cet article.

Le décrochage : la contrainte technique a pris le dessus

Tout va très vite dans l’univers du numérique : ce qui était vrai il y a quelques années, voire quelques mois, ne l’est plus aujourd’hui. Quand j’ai commencé à travailler en agence, c’était la révolution CSS2 où l’on pouvait enfin séparer le contenu de la mise en forme et j’étais fan absolue du site CSS Zen Garden. J’hésitais entre SPIP / Dotclear / WordPress. Le SEO démarrait et positionner un site web était un travail d’une facilité déconcertante. La taille de nos écrans ne posait que peu de souci, on pestait alors contre IE5.5 ou IE6. Tellement simple quand j’y repense.

Quelques années plus tard, nous voilà à devoir conjuguer avec mobiles, tablettes, écrans, montres… avec les contraintes liées au SEO (disons les contraintes Google, au point où ça en est…). Il y a aussi les prises de conscience quant à la qualité produite : accessibilité, temps de chargement, éco-conception…  et l’impression parfois que ça ne s’arrêtera jamais. Et peut-être que ça ne s’arrêtera effectivement jamais…

A force, ça fatigue. On essaie de construire des choses qui durent, mais les évolutions nous rattrapent et ce que l’on a construit est à reconstruire. Car tenter d’envisager les futurs usages ne sert à rien : on ne peut pas deviner par avance les outils qui apparaîtront et encore moins l’usage qu’en feront les utilisateurs. Les premières approches des sites mobiles nous montrent que nous nous étions trompés sur le contexte de lecture sur mobile, comme l’indique Karen McGrane « Mobile ne veut pas nécessairement dire que vous êtes en mouvement ». Un exemple ? Qui n’a pas fait l’usage de son téléphone dans son canapé parce qu’atteint d’une grosse flemme d’aller allumer son ordinateur ? Autre exemple : nous sommes nombreux à utiliser notre mobile tranquillement dans les transports. Limiter le contenu du site mobile à un contexte de « je veux une info vite » constitue donc une erreur.

Ce n’est pas à nous, concepteurs de site internet, de décider ce que nous devons afficher. Par contre, nous devons fournir un contenu qui s’adapte et un contenu de qualité. Car si les internautes viennent sur votre site, c’est pour lire/voir/écouter votre contenu, pas pour attendre et ne rien pouvoir lire ou trouver un contenu sans intérêt.

Le raccrochage : le contenu est le socle fiable et invariable

En définitive, peu importe les conditions de lecture, une seule chose ne change pas : le contenu. On le met en forme différemment, on lui donne des interactions différentes, mais si votre contenu initial est bon, on ne le changera pas de si tôt.

Le contenu est fondamental, les référenceurs le disent depuis des années dans l’optique d’un bon positionnement évidemment. Mais reprenons les choses à la base, pourquoi un internaute vient sur votre site ? Pour s’informer et/ou pour se divertir. Si votre contenu est trop maigre ou incomplet vis à vis de ses attentes, il part. S’il n’arrive pas à lire votre contenu dans de bonnes conditions, il part.

On le savait déjà… et pourtant un bon contenu est rare car « on veut un site qui claque » ou présenter des informations dont l’internaute se fiche pas mal en définitive… un petit rappel ne fait donc pas de mal. Et il faut garder en tête que, sur un écran d’ordinateur l’internaute tolère déjà peu le contenu sans intérêt, sur un mobile où la place manque, il ne le tolère plus du tout. Alors écrivez un contenu « zéro déchet » ! Si si, le concept est transposable sur le web et d’ailleurs je vous invite à lire l’article de cyclop-éditoral sur le contenu écologique, c’est rempli de bon sens oublié.

Mais là où ça se complique, c’est sur le contexte de lecture. Comment s’assurer que ce contenu soit lu dans de bonnes conditions ? Peut-être commencer tout simplement par suivre ces deux règles de base :

  1.  Séparer le fond et la forme proprement. Donc éviter les styles inline notamment… et mettre en place des outils qui permettent au rédacteur de se concentrer sur le contenu et non sur la forme (par exemple limiter l’éditeur WYSIWYG…).
  2. Respecter les normes émises par le W3C car si je ne sais pas à quoi ressembleront les futurs usages, je sais en revanche que ces futurs usages respecteront les normes émises par le W3C.

Mais les normes évoluent…

En effet, les normes évoluent parce qu’on ajoute des couches javascript, des animations qui claquent et qu’il faut bien cadrer tout ça à un moment donné. La structure globale des sites évolue également avec HTML5, mais cela relève du templating et non du contenu. Les balises liées au contenu, quant à elles, ne bougent pas beaucoup : Hn existe et existera toujours. Que mon contenu soit lu sur ce blog, sur feedly, sur kindle, par un lecteur d’écran ou que sais-je encore, le titre balisé avec un Hn conservera sa valeur de titre, la balise a sera toujours un lien, abbr une abréviation… Il y a certes des balises dépréciées comme marquee, mais c’est pour le bien de vos lecteurs ! (cette balise, très populaire il y a 10 ans, permet de faire défiler du texte… )

Si je prends mon contenu brut, bien écrit et balisé, je ne rencontre aucun problème : il répondra aux attentes des internautes (c’est quand même le but fondamental), il se référencera sur les moteurs de recherche, il pourra s’afficher dans n’importe quel lecteur de contenu, il ne posera pas de problème d’accessibilité, il se charge facilement et rapidement. C’est l’habillage qui posera des soucis, mais un bon contenu facilitera la tâche assurément.

Quid des contenus vidéos et des images ? Les vidéos ont tout intérêt à faire l’objet d’une retranscription textuelle de toute façon. Quant aux images, c’est le type de contenu le plus compliqué à déployer sur toutes les plateformes. Bien qu’elles soient souvent là pour illustrer / aérer la lecture plus que pour apporter du véritable contenu, il faut néanmoins les préparer pour différents affichages. Cela fera l’objet d’un autre article à part entière. Mais n’oubliez pas de leur mettre une balise alt (vide quand l’image n’est là que pour illustrer).

Finalement, quand on créé un site web, on réalise des paquets cadeaux (certes complexes). Personnellement, j’apprécie le paquet cadeau, mais c’est le contenu du paquet qui m’intéresse. Alors pourquoi, aujourd’hui, portons-nous plus d’intérêt au contenant qu’au contenu ? Ce, alors que la partie la plus robuste face aux évolutions futures est bien le contenu.

Une réflexion au sujet de « Se raccrocher au contenu »

Laisser un commentaire

Votre commentaire sera publié sans modération initiale et modéré par la suite. Merci de rafraîchir la page pour afficher votre commentaire. Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.